Améliorer la santé des sols et la biodiversité : une priorité pour les fermes laitières

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Le travail des producteurs de lait ne se limite pas qu’à l’étable : avec de petits gestes simples, ils prennent aussi bien soin de la biodiversité environnante. Andrea Schroeder, agronome chez Gestrie-Sol, témoigne des bienfaits de ces actions ciblées.

La spécialiste de la biodiversité le dit et le redit : « Le producteur est occupé, son temps est limité, il a des préoccupations concrètes pour ses vaches. Et on comprend ça. » Les producteurs de lait redoublent d’efforts pour chouchouter la nature qui les entoure en investissant de leur temps et de leur poche. D’ailleurs, le fait que plusieurs fermes laitières soient très avancées en amélioration de la biodiversité prouve qu’Andrea Schroeder n’est pas la seule à croire en l’efficacité de ces petits gestes.

Quand tout part du sol

Un sol en bonne santé, c’est non seulement payant, c’est aussi encourageant. Ça nécessite moins d’intrants (comme des pesticides), moins de travail (on plante directement dedans!), et ça réduit le phénomène d’érosion. En plus, ça capte davantage de carbone, ce qui est réjouissant pour l’atteinte des objectifs de carboneutralité.

Ce serait très difficile [pour les fermes laitières] de ne pas produire de carbone, mais mieux gérer [leur empreinte carbone] pour en arriver à la carboneutralité est tout à fait possible. »

Améliorer la qualité des sols et donner un coup de pouce à la biodiversité est l’un des quatre piliers identifiés par les Producteurs de lait du Québec pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Toutes les fermes laitières, des plus avancées à celles qui ne font que commencer, continuent de déployer des efforts pour atteindre cet objectif.

La plupart des producteurs laitiers possèdent aussi de grandes cultures. Conséquemment, leurs champs sont en constante rotation entre leurs animaux, les céréales (blé, orge, avoine, seigle, par exemple), les protéagineux (comme le pois jaune), le maïs et les prairies. En laissant les résidus de leurs récoltes au sol, ils permettent à ceux-ci d’agir comme engrais vert qui garde les sols riches et vivants tout en les protégeant pour l’hiver.

Andrea Schroeder explique que plus les producteurs développent ce genre d’habitudes, comme celle de couvrir leurs sols après la récolte, plus la biodiversité s’en voit gagnante. C’est d’ailleurs le genre de conseils qu’elle donne lorsque des producteurs font appel à elle ou à d’autres collègues agronomes pour les orienter dans leur quête d’une meilleure biodiversité.

Une autre de ses recommandations? Créer des habitats pour des prédateurs et insectes utiles. Ça peut être aussi simple que de laisser traîner des morceaux de bois près de la ferme ou des tas de roches. Il est aussi possible d’installer des nichoirs pour attirer les hirondelles et les chauves-souris, des prédateurs très efficaces pour se débarrasser des insectes nuisibles au champ, comme ceux qui veulent manger la nourriture des vaches.

L’abeille, ambassadrice de la biodiversité

Le saviez-vous? À l’échelle mondiale, plus de la moitié des cultures dépendent des pollinisateurs comme les abeilles, les papillons, les insectes, certains oiseaux et même certaines chauves-souris.

C’est aux abeilles qu’on doit le titre de gardiennes de la biodiversité. Eh oui! Celles qu’on nous a toujours appris à fuir assurent la survie de plusieurs espèces végétales et d’une grande partie de ce que nous cultivons pour la consommation au Québec. En répandant le pollen des fleurs, elles permettent aux différentes plantes de se reproduire. On pourrait donc dire qu’il s’agit d’une manière naturelle et bonne pour l’environnement de maintenir la vitalité et les capacités de production agricole. Ce n’est pas pour rien que déjà 25 % des producteurs de lait au Québec ont installé des ruches sur leur terrain pour aider à la prospérité des abeilles domestiques.

La priorité du moment? Protéger à tout prix les abeilles indigènes ou sauvages pour qu’elles puissent continuer d’améliorer la biodiversité des fermes laitières d’ici en assurant la pollinisation. Pour ça, il est nécessaire de leur offrir un habitat naturel et des ressources florales diversifiées dans lesquels elles peuvent se nourrir.

La meilleure façon de donner un maximum de nourriture aux pollinisateurs, c’est de laisser les fossés en fleurs plutôt que de les faucher.»

Les fossés, ainsi que les bandes riveraines, sont des portions de végétation en bordure des cultures ou à l’intérieur d’une rive d’un cours d’eau. Elles ont énormément d’utilités : elles créent des habitats de qualité pour la faune et la flore, elles aident à la présence de pollinisateurs et à la protection des sols de l’érosion, elles gardent les insectes à l’écart des cultures, elles agissent comme brise-vent et plus encore. Parce qu’elles sont de réelles championnes de la protection de l’environnement en terre agricole, les producteurs de lait y mettent beaucoup d’efforts.

Des fleurs pour les pollinisateurs

Refleurir lesdits fossés des fermes en y ajoutant des semences de fleurs indigènes est l’un des projets sur lesquels Andrea Schroeder travaille chez Gestrie-Sol. « On commence par sensibiliser les producteurs à la surface d’un mètre qu’ils doivent garder entre leur culture et le replat du terrain de la bande riveraine. L’idée, c’est de leur faire comprendre qu’ils ont l’occasion de rendre un service écologique en fleurissant ce mètre. C’est de changer leur vision de la chose. » Ils ne perdent pas du terrain, ils améliorent leur terrain. Et ils embarquent, c’est sûr!

Lorsqu’ils voient un nouvel oiseau qu’ils n’avaient jamais vu survoler leur terre ou qu’ils observent de nouvelles fleurs pousser, c’est là que les producteurs comprennent tous les bienfaits de leurs actions. »

Un futur sous le signe de la biodiversité

En observant les résultats obtenus grâce à leurs petits gestes, bien des producteurs décident de poursuivre leur travail en ajoutant des arbustes et même des arbres à leur bande riveraine. Ce n’est habituellement que le début d’une longue série de gestes écologiques, qui non seulement bonifient leur terrain, mais qui assurent aussi la production d’un lait encore plus responsable.

L’engagement demandé aux producteurs de lait est énorme, résume Andrea Schroeder, mais leur volonté d’améliorer la biodiversité l’est tout autant. Et il y aura un résultat. »

Consultez cette page pour en apprendre plus sur les piliers d’intervention des Producteurs de lait du Québec et toutes les actions qu’ils posent pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050.

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