Est-ce que je vous ai déjà dit que j’ai grandi dans une ferme laitière?

Contenu de l'article

Un ami m’a récemment fait remarquer que ça me prend aussi peu que cinq minutes avant de dire aux personnes que je rencontre que j’ai grandi dans une ferme laitière de Lanaudière. Comme quoi on peut sortir la fille de la ferme, mais pas la ferme de la fille.

« Salut, moi c’est Josiane. Je suis humoriste et j’ai grandi dans une ferme laitière », il me semble que ça sonne bien, non? Bon, cet ami m’a aussi dit que j’ai toujours l’air trop excitée de parler de ma lapine Rosie, de mon célibat et de mon char de l’année… 2011. Mais ça n’enlève rien au reste. Et parce qu’on se connaît depuis bientôt 15 ans, j’ai tendance à le croire.

Une vie trépidante, à la ferme comme ailleurs

Je vous rassure tout de suite : ma vie est loin d’être plate.

  • J’ai partagé la scène du Centre Vidéotron avec un humoriste connu devant 11 000 personnes.

  • J’ai fait du monokini aux Îles-de-la-Madeleine en maillot une pièce. Hein, comment on fait ça, Josiane, du monokini en maillot une pièce? C’est super simple : tu descends ton maillot tout mouillé jusqu’à ton nombril. Un peu comme si tu déroulais le rebord d’un contenant de café, dans le fond.

  • Je surnomme ma plus vieille amie « mon amie de l’âge d’or », parce que nos grands-mères nous emmenaient au club de l’âge d’or quand nos parents étaient trop occupés à l’étable ou dans les champs. J’ai bien l’intention d’être membre du club de l’âge d’or à ses côtés dans quelques années.

  • Je suis tombée dans un puits en 2011. J’ai depuis un pied mou grâce auquel je peux prédire la météo.

Malgré tout ça, ce qui compte le plus pour moi, c’est le fait que je suis la fille de producteurs laitiers.

Passer de l’étable à une première date

Plus j’y pense, plus mon ami a raison. Je suis tellement fière d’avoir grandi dans une ferme laitière que j’en parle tout le temps. J’ai d’ailleurs un souvenir très clair d’une date que j’ai eue avec un beau grand brun. Comme tout le monde à un premier rendez-vous, il m’a posé des questions sur ma famille et m’a demandé d’où je viens (je viens de Saint-Norbert). J’ai évidemment sauté sur l’occasion pour lui parler avec beauuuuuucoup d’enthousiasme de mon père et de ma mère : des producteurs laitiers.

Tout allait bien jusqu’au moment où il m’a interrompue pour me demander : « En gros, c’est quoi la différence entre une fille qui a grandi dans une ferme et une fille qui a grandi en ville? » Pour le faire rire (c’est quand même ma job), je lui ai dit : « Bah, pour certains problèmes de peau, j’ai eu des crèmes prescrites par le vétérinaire. » On ne s’est jamais revus.

Entre vous et moi : un gars qui n’a pas le sens de l’humour, c’est non merci. Encore pire quand il est convaincu qu’une vache a quatre pis. (Pour info, une vache possède un pis et quatre trayons.) Je n’aurais jamais pu le présenter à mon père à Noël.

Une personnalité de ferme

Avec le temps, j’ai fini par comprendre que si je nommais aussi rapidement mes origines laitières, c’était pour donner plusieurs indices sur ma personnalité.

Dans ma tête, dire « j’ai grandi dans une ferme laitière », c’est un peu comme dire « je suis une fille authentique, qui a les valeurs familiales à la bonne place, fière, débrouillarde et autonome », mais en plus court.

Ça me permet d’économiser des mots. Grâce à ça, je n’ai pas besoin de dire que j’aime particulièrement la nature, que je trempe mes biscuits dans un grand verre de lait ou encore que le dévouement et la passion au travail, c’est ce que j’ai toujours connu à la maison. Tout ça va de soi. Je n’ai pas non plus besoin de dire que je suis travaillante et à l’heure. Tout le monde le sait : sur une ferme, on ne calcule pas ses heures.

Quand je dis que j’ai grandi dans une ferme, c’est comme si je disais qu’on peut toujours compter sur moi. Un peu comme mon père qui se levait à 5 h du matin tous les jours, enrhumé ou pas, pour commencer sa journée à l’étable. Je dis aussi que chez nous, les jours fériés ça n’existe pas. Et que j’ai grandi avec un père qui aime son métier plus que tout. Un homme dont la plus grande passion est et sera toujours la production laitière et l’agriculture. Et juste à penser aux sacrifices que mes parents ont dû faire, j’ai le cœur gonflé de fierté et d’amour.

Mes parents, c’est la plus belle équipe que je connaisse. En épousant mon père, ma mère a aussi épousé le métier d’agricultrice. Notre vie de famille a toujours été rythmée par les saisons, la météo, les travaux et les animaux. C’est très précieux à mes yeux. S’il y a d’autres gens qui aiment autant les producteurs de lait que moi, il n’y en a certainement pas qui les aiment plus. Ça, c’est impossible.

De Saint-Norbert à Rosemont

J’ai 37 ans. J’habite maintenant dans un trois et demi dans Rosemont et je suis la preuve vivante qu’on a beau sortir la fille de la ferme, jamais on ne pourra sortir la ferme de la fille. Et j’en suis fière.

Si je ne sais pas ce que l’avenir me réserve, je sais au moins une chose : que ce soit sur scène, derrière un micro, à une première date où dans un 5@7 avec plein de personnes que je ne connais pas, je continuerai toujours de parler fièrement de la ferme dans laquelle j’ai grandi. Et de répéter que je suis née dans une ferme laitière quand vient le temps de me présenter.

Salut, moi c’est Josiane. Je suis humoriste et j’ai grandi dans une ferme laitière.

Explorer d’autres sujets