L’amour du lait par Sinem Kara

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Le lait: un mode de vie chez les Kara

Je pense que c’est une des plus belles découvertes de l’humanité : celle du jour où un fermier a eu l’idée de goûter ce qui sortait du pis de sa vache. J’imagine ce fermier qui, voyant son veau se régaler, se dit : « Tiens tiens... et si j’essayais ? » Probablement en cachette, parce que des idées comme ça, c’est gênant à assumer quand on est un fermier viril de l’époque.

Surprise, il a trouvé ça délicieux. Il a sûrement partagé sa découverte avec sa femme, qui l’a jugé un peu... mais qui, curieuse, y a goûté elle aussi. Et là, révélation. C’était bon. Elle en a parlé au cercle des fermières et un an plus tard, tout le village buvait son lait chaque matin et faisait du pouding au riz.

Bon, évidemment, cette théorie sort totalement de mon imagination. Mais au lieu de spéculer sur les débuts laitiers de l’humanité, laissez-moi plutôt vous raconter ma propre histoire où cet élixir blanc occupe une place de choix.

Le lait: compagnon de tous les jours depuis toujours

Mon amour pour le lait remonte à mes plus lointains souvenirs. Il n’y a rien de mieux pour étancher sa soif qu’un grand verre de lait bien froid. Et rien de mieux pour réchauffer son âme qu’un grand verre de lait chaud avant d’aller dormir. C’est quand même exceptionnel, une boisson aussi bonne froide que chaude, à laquelle on peut même ajouter du chocolat pour les jours de pluie.

Certaines personnes l'agrémentent de saveurs de fraise... je respecte ça. Même si je pense que ces personnes ont un peu moins de goût.

Huit litres de lait, svp

Chez nous, c’est ma mère qui faisait la liste d’épicerie et c’est elle qui décidait de la quantité de lait qu’il fallait acheter chaque semaine. Je me souviens très bien du regard plein de jugement des caissières quand elle déposait huit litres de lait sur le comptoir. Huit litres. C’est vrai que c’est beaucoup pour une famille de quatre.

Mais elle avait un plan.

D’un côté, quatre litres pour le quotidien: la béchamel, la soupe au champignons, les céréales, les breuvages pour la famille. De l’autre, quatre litres pour faire son yogourt maison.

Avec cette recette, elle faisait l’équivalent de cinq pots de yogourt du commerce pour le prix d’un. Pas le choix, nous sommes une famille d’origine turque et chez les Turcs, le yogourt règne en maître. On en mange à presque chaque repas.

Le yogourt: pilier de toute mon alimentation

Du yogourt, on en met tellement partout qu’on en mange même avec nos œufs au déjeuner. Notre recette bien à nous: deux œufs pochés dans du yogourt (auquel on a ajouté un peu de sel), nappés d’un coulis de beurre au paprika. On appelle ça le « cilbir » et c’est délicieux. Un peu comme des œufs bénédictines, mais en version plus santé.

Pendant mon enfance, quand on n’avait pas le temps de préparer le souper, on mélangeait un bol de yogourt avec du pain sec et le tour était joué. Chez les Kara, pas de place pour le gaspillage : tout reprend goût avec du yogourt.

À la vitesse à laquelle on passait à travers les réserves de ma mère, heureusement qu’elle savait en concocter à partir du lait acheté en épicerie. Parce que croyez-moi, ça aurait coûté cher! Peut-être même que mes parents n’auraient jamais pu m’acheter ma première voiture sans toutes les économies qu’ils ont faites grâce à sa recette.

La recette de ma mère (et maintenant la vôtre)

Parce que les temps sont durs et qu’il faut parfois se serrer la ceinture (mais surtout parce qu’elle est super facile à faire et tellement savoureuse!), je vous partage la fameuse recette qui fait le bonheur des Kara. Elle a été conçue pour une famille de quatre qui aime beaucoup trop les produits laitiers, alors ajustez-la à vos besoins (et vos contenants).

  1. Achetez 4 litres de lait 2%. Peu importe la marque, tant que c’est du lait de qualité, donc du lait du Québec provenant du travail acharné de nos producteurs et de nos productrices. (J’ai écrit ça en caractère gras parce que c’est vraiment l’étape la plus importante.)
  2. Ensuite, faites bouillir le lait dans une grosse marmite pouvant contenir environ 4 litres de lait. En gros, le plus gros chaudron que vous avez, celui que vous utilisez pour préparer le ragoût de Noël pour toute la famille.
  3. Dès que ça commence à bouillir, éteignez le feu. Ensuite, mettez le chaudron de côté et attendez que le lait refroidisse un peu.(Selon ma mère, la température idéale, c’est quand on peut y tremper un doigt et le laisser dedans sans se brûler. Pensez à la température d’un biberon.)
  4. Quand le lait est à la bonne température, ajoutez 3 grosses cuillères à soupe de yogourt du commerce.
  5. Mélangez, couvrez le chaudron, enveloppez-le dans une couverture et laissez reposer 24 heures.
  6. Le lendemain, vous avez du yogourt maison !

Aujourd’hui, à 35 ans, dans ma maison, je reproduis encore les recettes de ma mère. Et souvent, je me dis qu’avec tout ce qu’elle m’a appris à cuisiner à base de lait, si par malheur il n’y en avait plus… je ne saurais même plus comment me nourrir.

Alors je le dis haut et fort : longue vie au lait de chez nous. Et longue vie au yogourt, compagnon fidèle de mes repas et de mes souvenirs!

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